Archives mensuelles : novembre 2013

Vente chez Sotheby’s, Paris, le 5 décembre 2013

Voici une vente qui s’annonce intéressante, le Portrait de Roger Dutilleul, 1919  ( C.274). Estimé entre 7M et 10M d’euros je suis curieux de voir à quel prix il sera adjugé car d’une part, l’engouement pour l’oeuvre de Modigliani est très important mais nous remarquons que ce sont principalement les portraits de femmes qui ont la meilleure cote. D’autre part, ce tableau est resté invendu chez Christie’s (NY) le 4 mai 2004 avec une estimation entre 5 et 7 millions d’euros.

Le plus important collectionneur de Modigliani à l'époque

Le plus important collectionneur de Modigliani à l’époque

 

Pfannstiel (Pl 357)le date en 1920 tandis que Ceroni ( C.274) et Parisot (Pt 43/1918 vol.2) en 1918 et  Lanthemann (L 357) ainsi que Restellini en 1919.

Le sujet est important ! Roger Dutilleul était un grand collectionneur de l’Artiste et de bien d’autres d’ailleurs.

Le dossier de Sotheby’s a été réalisé par Marianne Le Morvan. Il est tellement bien écrit que je vous en livre de larges extraits.

‘… Roger Dutilleul fut un collectionneur passionné de Modigliani. Ses achats commencèrent début 1918 par une toile Tête de Jeune fille achetée chez l’encadreur marchand Constantin Lepoutre. Il réussira principalement entre 1918 et 1925 à réuni34 tableaux et 21 dessins de Modigliani, soit environ 10% de la production entière de l’artiste. A la fin du printemps 1919, Zborowsky n’ayant plus d’œuvres de Modigliani à vendre à Dutilleul, lui conseilla d’accepter de poser pour le peintre…

… Pour l’exécution de son portrait, qualifié de ‘chef d’œuvre’ par Léonce Rosenberg dans une lettre à Roger Dutilleul datée de décembre 1943, l’amateur dut poser durant 7 heures et demi réparties sur 3 séances du 16 au 18 juin 1919 dans son appartement de Monceau…  D’abord désemparé par la qualité des toiles de Picasso et de Braque qu’il découvrit lors de sa première visite chez le collectionneur Modigliani s’exclama désemparé  ‘Quel génie’ à propos de Picasso : ‘J’ai dix ans de retard sur lui’. Dutilleul eut grand mal à le réconforter. Le peintre demanda alors qu’une nature morte de Picasso  (Poissons et bouteilles, 1909) soit présentée à sa vue pendant l’exécution du  portrait. La gamme chromatique du Portrait de Roger Dutilleul reprend exactement celle de la toile cubiste du Maître catalan…

…Ce portrait est donc  peint sous les influences conjuguées de Picasso et sans aucun doute, de Cézanne, que Modigliani avait découvert dès son arrivée à Paris en 1906… La posture du collectionneur assis de face les jambes croisées, rappelle celle de plusieurs portraits de personnages assis  peints par le maître d’Aix… L’inachèvement de certaines parties du tableau (dos du siège, mains du modèle) est également un emprunt à Cézanne…. C’est surtout le soin apporté à l’exécution du visage du modèle, à l’inverse du fond peint en touches longues et rapides qui évoque les portraits de Cézanne. La carnation pâle et délicate amplifie le contraste avec le noir de la redingote, dégageant les éléments les plus représentatifs du personnage – comme le visage et les mains – des aplats de l’arrière-plan. Quant au regard des portraits de Modigliani, c’est lui-même qui affirme avoir emprunté les yeux sans pupille aux portraits de Cézanne. Il confia un jour à son ami Soutine :’Les visages de Cézanne, à l’instar des belles sculptures antiques, sont dépourvus de regards. Les miens, par contre, en ont un. Les miens regardent toujours, même lorsque j’ai cru  devoir ne pas leur attribuer de pupille : pourtant, tout comme les visages de Cézanne, ils ne font qu’exprimer une muette approbation de ce qui vit’ (cité par Walter Schmalenbach, ‘Les Portraits’, in Modigliani, l’ange au visage grave, catalogue de l’exposition p. 35)

La figuration des yeux et du nez de Dutilleul rappelle également l’influence du primitivisme des arts africains. Tout comme Derain, Picasso et Vlaminck Modigliani découvrit les arts premiers au Musée d’Art ethnique du Trocadéro…

…Le style de ce tableau peut enfin être qualifié de ‘maniériste’, évoquant l’influence de l’art de la Renaissance italienne. Dès son enfance, Modigliani voyagea à travers l’Italie avec sa mère. . En 1902, il devint étudiant à Florence et l’année suivant Venise. Il visita également Sienne et Naples où il s’imprégna de la tradition classique. L’art de la peinture du XVIème siècle italien devint son influence principale. Ce tableau possède la simplicité et la pureté des œuvres du Quattrocento, marquées par des arabesques aux courbes fluides, des proportions amplifiées et l’extrême attention portée aux détails du visage. .. ‘

English version

‘Roger Dutilleul was a passionate collector of Modigliani . His acquisitions began in early 1918 with the canvas Tête de jeune fille , purchased from the framer and dealer Constantin Lepoutre. He succeeded, chiefly between 1918 and 1925, in assembling 34 paintings and 21 drawings by Modigliani, equivalent to around 10% of the artist’s entire output. By the end of spring 1919, the dealer Zborowsky had no more works by Modigliani to offer Dutilleul so he advised him to agree to pose for a portrait…

For the execution of his portrait, hailed a ‘masterpiece’ by Leonce Rosenberg in a letter to Roger Dutilleul in December 1943, the connoisseur had to pose for seven and a half hours spread over three sittings, from 16th to 18th June 1919, in his apartment on Rue Monceau, surrounded by his collection… At first unnerved by the sheer quality of the canvases by Picasso and Braque he discovered on his first visit to the collector. Modigliani exclaimed “Such genius!” regarding Picasso and lamented “I am ten years behind him”. Dutilleul took great pains to reassure him. The painter then requested that a still-life by Picasso (Poissons et bouteilles, 1909) be placed within v while he worked on the portrait. The color scheme of Portrait de Roger Dutilleul exactly replicates the Cubist work by the Catalan master….

… This portrait of Dutilleul was thus painted under the twin influences of Picasso and, without a doubt, Cézanne whom Modigliani had discovered upon his arrival in Paris in 1906… The posture of the collector, sitting face-on with legs crossed, recalls several portraits by the Master from Aix… The unfinished nature of certain parts of the painting (the back of the chair and the model’s hands) is also a debt to Cézanne… Above all it is the care taken in the execution of the figure’s face, in contrast with the background painted in long, rapid strokes, that evokes Cézanne. The delicate, pale complexion heightens the contrast with the black of the frockcoat, making the most characteristic aspects of the figure – such as the face and hands – stand out against the flat background. As for the gaze of Modigliani’s portraits, he himself admitted he borrowed eyes with no pupils from Cézanne’s portraits. He confided once to his friend Soutine : “Cézanne’s faces, like beautiful ancient statues, do not have a gaze. Mine, on the other hand, do. Mine are always looking even if I felt I should not give them pupil; however, like Cézanne’s faces, they only express a silent approval of all that they experience’ (quoted by Walter Schmalenbach, ‘Portraits’ in Modigliani L’ange au visage grave, exhibition catalogue p. 35).

The arrangement of Dutilleul’s eyes and nose also recall the influence of African art. Just like André Derain, Pablo Picasso and Maurice de Vlaminck, Modigliani had discovered tribal art at the Museum of Ethnic Art at Trocadero…

… The style of this painting can also be described as ‘mannerist’, evoking the influence of Italian Renaissance Art. . From his childhood, Modigliani had travelled across Italy with his mother. In 1902, he studied in Florence and the following year in Venice. He also visited Sienna and Naples where he immersed himself in the Classical tradition. 16th Century Italian painting became his prime influence? This painting possesses the simplicity and purity of works from the Quattrocento, marked by arabesques with fluid contours, elongated proportions and an extreme attention to facial details…”

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Bibliographie – Bibliography

En dressant la liste des ouvrages que je consulte pour ce blog, je remarque le  nombre imposant de livres écrit par Christian Parisot. Ce n’est pas étonnant ! Etant à la tête des Archives Légales de Modigliani et ayant été soutenu par la fille de l’Artiste, il a entre ses mains une documentation importante et c’est ainsi qu’il a publié de nombreux ouvrages. Ceci ne vaut pas dire que l’on doit croire tout ce qu’il a écrit.

When I listed the books I do consult for this blog, I noticed the impressive number of books written by Christian Parisot. This is not surprising! As the head of the Legal Modigliani Archives and supported by Jeanne, the daughter of the Artist, he has his hands an important documentation and thus he has published extensively. This doesn’t mean all what he wrote is trustful.

Catalogues raisonnés

Pfannsteil Arthur, Etude critique et catalogue raisonné, Ed. Bibliothèque des Arts, 1956

Ceroni Ambrogio, Amedeo Modigliani , suivi des souvenirs de Lunia Czechowska, Ed. del Milione, Milan 1958

Ceroni Ambrogio, Modigliani – dessins, sculptures, Milione Edizioni, Milan, 1965

Lanthemann J.,  Modigliani catalogue Raisonné, Ed. Graficas Condal, Barcelone, 1970

Ceroni Ambrogio & Françoise Cachin, Tout l’œuvre peint de Modigliani, Flammarion 1972

Parisot Christian, Catalogue raisonné, vol. I, Ed. Graphis Arte, 1990

Parisot Christian, Catalogue raisonné, vol. II, Ed. Graphis Arte, 1991

Patani Osvaldo, Amedeo Modigliani, Catalogo Generale  dipinti, Ed. Leonardo, Milan, 2001

Patani Osvaldo, Amedeo Modigliani, Catalogo Generale disegni 1906-1920, Ed.Leonardo, Milan, 1994

Parisot Christian, Catalogue raisonné, vol. III, Ed. Carte Secrete, 2006

Parisot Christian, Catalogue raisonné, vol. V, Ed. Forma, 2012

Catalogues d’expositions

Modigliani, Palais des Beaux-Arts, Bruxelles, 1933

Modigliani, paintings, Drawings, sculpture, Museum of Modern Art, NY, 1951En collaboration avec le Museum of Art, Cleveland

La Femme dans l’Art, Kursaal d’Ostende, 1952

Modigliani, exhibition of drawings – J.W. Alsdorf collection, The Art Institute of Chicago, 1955

Cent tableaux de Modigliani, Galerie Charpentier, Paris (Fr) 1958

Modigliani, Musée Cantini, Marseille, 1958

Amedeo Modigliani, Steinernes Haus Römerberg, Frankfurt am Main, 1963

Modigliani, The Art Council of Great Britain – Tate Gallery, 1963

Amedeo Modigliani, Centraal Museum, Utrecht (NL), 1968

Modigliani, Musée Saint Georges, Liège (B), 1980Les peintres de Zborowsky : Modigliani – Utrillo

Modigliani, Musée d’Art Moderne de Paris, 1981

Modigliani, Fondation Gianadda, Suisse,  1990

Soutine : Fondation de l’Hermitage, Suisse 1994

Amedeo Modigliani : Museo d’Arte Moderna, Lugano, 1999

Modigliani, l’ange au visage grave, Musée du Luxembourg, Paris,2002

Modigliani & the artists of Montparnasse, Albright-Knox Art Gallery, Buffalo, NY, 2003 – Kenneth Wayne

Modigliani – Beyond the Myth, The Jewish Museum, New York, 2004-2005

Modigliani and his models, Royal Academy of Art, 2006 – Kenneth Wayne

Modigliani, ein Mythos der Moderne, Kunst und Ausstellung halle, Bonn, 2009

Amadeo Modigliani , L’annonciade – Musée de Saint-Tropez, 2010

Amedeo Modigliani, l’œil intérieur, Musée d’art moderne de Lille Métropole (Villeneuve d’Asq), 2016

Livres généraux

Scheiweiller G., Modigliani, Ed. des Chroniques du Jour, coll. Messages d’esthétique, 1928

Cocteau Jean, Modigliani,  Ed. Fernand Hazan, 1950

Lipchitz Jacques, Amedeo Modigliani, Ed. Flammarion, 1954

Salmon André, la vie passionnée de Modigliani, Ed. Sleghers, 1957

Roy Claude, Modigliani, Ed. Skira, collection Le goût de notre temps, 1958

Russoli Franco, Modigliani, Ed.Fernand Hazan, 1958

Modigliani Jeanne, Modigliani sans légende, Ed. Gründ, Paris, 1961

Werner Alfred, Modigliani the sculptor, Ed. Arts Inc, NY, 1962

Gindertael, Roger van, Modigliani et Montparnasse, Ed Fabbri, 1967

Russoli Franco, Modigliani Drawings, Ed. Thames and Hudson, 1969

Patani Osvaldo, Modigliani Disegni, Ed. della Seggiola, 1976

Diehl Gaston, Modigliani, Ed. Flamarion, collection Les grands peintres modernes, 1977

Carol Mann, Modigliani, Oxford University Press, 1980

Roy Claude, Modigliani, Ed. Skira et Rizzoli, 1985

Castiau-Barrielle, Modigliani, Ed. Arc, 1987

Werner Alfred, Modigliani, Ed. Cercle d’art, 1988

Ceroni Angela, Modigliani – les nus, La Bibliothèque des Arts, Paris, 1989

Schmalenbach Werner, Modigliani paintings sculptures drawings, Ed. Prestel, 1990

Servi de catalogue à l’exposition ‘Amedeo Modigliani Malerei – Skulpruen – Zeichnungen

Présentée au Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, Düsseldorf du 19 janvier au 1 avril 1991 puis au Kunsthous, Zurich, du 19.04 au 7.07.1991

Alexandre Noël, Modigliani inconnu, dessins de la collection Paul Alexandre, Ed. Fonds Mercator, 1993

Parisot Chritian, Modigliani, Ed. Terrail, 1991

Parisot Christian, Modigliani – Témoignages, Ed. des Archives, 1996

Parisot Christian, Amedeo Modigliani, Arc Editions poche couleur, 1996

Paristot Christian, Modigliani – biographie, Ed. Canale Arte, 2000

Belloni Fabio, Modigliani et l’Ecole de Paris, Ed. E-ducation, collection Les grands Maîtres de l’Art, Florence 2008

Bougault Valérie : Artistes de Montparnasse, Arc Edition – Vilo, 2004.

Buisson Sylvie & Parisot Christian: Artistes de Montmartre, éd. Maxi-livres, 2004.

Le Morvan Marianne : Berthe Weill 1865 – 1951 : la petite galeriste des grands artistes, Ed. L’Ecarlate, 2011

 

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A Prince débarque à Paris

English version down the page

A Paris, en janvier 1906,  débarque d’Italie, à l’âge de 22 ans,  Amédée Clément Modigliani, bel homme, artiste désargenté, à la santé défaillante.

Il est frimeur. Bien habillé dans un costume de velours, il s’installe dans un hôtel confortable près de la Madeleine, alors qu’il n’a pas, ou peu d’argent. Il s’inscrit  à l’Académie Colarossi, dans le quartier de Montparnasse mais il la fréquente peu. Elle se trouve dans le sud de Paris alors que c’est dans le maquis de  Montmartre qu’il loue un atelier, car c’est là-bas que tout se passe…  Beaucoup d’artistes sont déjà installés sur la Butte. A quelques mètres de chez lui, le Bateau Lavoir  héberge e.a. Pablo Picasso, Kees Van Dongen, Herbin, André Derain, Juan Gris, mais aussi les écrivains André Salmon, Max Jacob et Pierre Mac Orlan.  Sont installés aussi dans les environs Marie Laurencin, Georges Braque, Camoin, Emile Bernard, Urillo et sa mère Suzanne Valadon, Marcel Duchamp, Metzinger, Pascin, Picabia, Severini, Dufy, Valmier, Marcoussis, ….

Le Bateau Lavoir

Le Bateau Lavoir

A peine arrivé, il court les galeries du quartier. Il y a celle de Georges Petit rue de Sèze, celle de Durand-Ruel qui expose les impressionnistes, celle de Clovis Sagot  qui a eu le premier un coup de foudre pour la période bleue de Picasso, et bien sûr celles de Vollard qui expose Cézanne, Renoir et Degas et de Kahnweiler, rue Vignon qui défend les Fauves avec Matisse, Vlaminck, Van Dongen, Rouault, Derain, Dufy, Braque.

Il reprend les pinceaux et peint principalement de petits portraits. Selon Christian Parisot, le peintre Anselmo Bucci, en passant devant une petite boutique tenue par la poétesse Laura Wylda, l’Art Gallery’ au coin du boulevard Saint Germain et de la rue des Saints-Pères, vit en vitrine une nouveauté :’trois visages de femmes exsangues et hallucinés, presque monochromes, peints avec des terres vertes en pâte maigre sur de petites toiles’. Ayant demandé qui en était l’auteur, Anselmo Bucci s’entendit répondre qu’elles étaient de Modigliani, ‘un peintre italien qui habite Montmartre’. (Ch. Parisot, Modigliani Biographie, p.97)

Mais d’où vient vraiment Modigliani ?

Amedeo Modigliani, quatrième et dernier enfant de Flaminio Modigliani et Eugénie Garsin, une famille de juifs séfarades, est né le 12 juillet 1884, à Livourne, en Italie. Cette année-là, l’entreprise des Modigliani (ils exploitaient un commerce de bois et charbon et des mines en Sardaigne) fait faillite. Aussi, en 1886, la mère, Eugénie Garsin, d’origine française, donne des cours particuliers et, avec sa sœur Laura transforme la maison en une véritable école. Emmanuel, l’aîné des enfants deviendra avocat et député socialiste. Marguerita, la seule fille des quatre enfants d’Eugénie et Flaminio, restera célibataire et deviendra la mère adoptive de Jeanne, la fille d’Amedeo et de Jeanne Hébuterne. Quant à Umberto, il sera ingénieur des Mines.

C’est en 1886 également qu’Eugénie Garsin commença son journal, Le Livre de raison qui est une chronique de la vie familiale et elle mentionne pour la première fois son fils Amedeo dit « Dedo »  un peu gâté, un peu capricieux mais joli comme un cœur.

Le Journal d'Eugénie Garsin 001Le Journal d’Eugénie Garsin

A cette époque, Flaminio Modigliani est presque toujours en voyage. Avec eux vivent la grand-mère maternelle, les sœurs d’Eugénie, Laure et Gabrielle et le grand-père Isaac Garsin, un grand érudit qui passait beaucoup de temps avec l’enfant, lui parlant d’art et de philosophie. Ce dernier décède en 1894.

Uberto, fils de Rodolpho Mondolfi qui est un ami d’Eugénie, fut le premier grand ami de Dedo jusqu’en 1898.  Le reste du temps, il le passa entouré  d’adultes.

Selon la légende, inspirée par la famille, lancée par André Salmon (Modigliani, Paris, 1926), Amedeo, qui jusqu’alors n’aurait jamais tenu un crayon entre ses doigts et n’aurait jamais manifesté le moindre intérêt pour l’art, aurait sombré, pendant une typhoïde, dans un violent délire pictural. Sa fille Jeanne conteste cette légende et stipule dans son livre Modigliani sans légende (Gründ, 1961, p.27) qu’en réalité son père peignait déjà avant sa maladie mais que pendant cette fameuse typhoïde Amédée révéla à sa mère une passion pour la peinture retenue jusqu’alors par orgueil et par pudeur (sic).

Sa mère mentionne déjà dans son journal en 1895 : « Dedo a eu une pleurésie très grave et je ne me suis encore remise de la peur terrible qu’il m’a faite. Le caractère de cet enfant n’est pas encore assez formé pour que je puisse dire ici mon opinion. Ses manières sont celles d’un enfant gâté qui ne manque pas d’intelligence. Nous verrons plus tard ce qu’il y a dans cette chrysalide. Peut-être un artiste ? ».

En 1898, Modigliani entre à l’Ecole des Beaux-Arts de Livourne. Il y suit l’enseignement de Guglielmo Micheli. En septembre 1900, il tombe de nouveau malade, une pleurésie qui se complique en tuberculose. Il passe l’hiver 1902 à Rome, où il fait des copies dans les musées. A Florence, il s’inscrit à l’école libre de nu, suit les cours de Giovanni Fattori et rencontre Manuel Ortiz de Zarate, un artiste italo-chilien qui lui parle sans cesse de Paris. Depuis de nombreuses années, les journaux italiens consacraient des pages entières sur ce qui se passait à Paris. Les expositions, les salons, mais aussi la créativité en France, les artistes et leurs aventures, sans oublier bien sûr la vie nocturne et les lieux de débauche étaient les sujets fréquemment évoqués par la presse italienne et Modigliani n’avait qu’une idée en tête : aller à Paris qui le fascine et plonger dans ce monde artistique le plus fécond du siècle.De 1903 à 1905, il poursuit sa formation à l’école libre de nu de l’Institut des Beaux-Arts de Venise.

A la fin de l’année, sa mère lui donne l’argent nécessaire et il arrive à Paris en janvier 1906.

Arrival in Paris

Arrived in Paris in January 1906 an handsome Italian guy, 22 years old, Amedeo Clemente Modigliani. He is a penniless artist, in failing health.

It is a smug man. Dressed in a velvet suit, he settled in a comfortable hotel next to the Madeleine place although he just have a few bucks in his pocket. He enrolled at the Académie Colarossi in the Montparnasse area but didn’t go there very often. It is located in the south of Paris but he rented a studio in the jungle of Montmartre, because it is there that everything goes … Many artists are already installed on the Butte . A few meters from his place, the Bateau Lavoir hosts i.a. Pablo Picasso, Kees Van Dongen, Auguste Herbin , André Derain, Juan Gris, but also writers André Salmon , Max Jacob and Pierre Mac Orlan . In the neighborhood live also Marie Laurencin, Georges Braque, Camoin, Emile Bernard, Urillo and his mother Suzanne Valadon, Marcel Duchamp, Metzinger, Pascin, Picabia, Severini, Dufy, Valmier, Marcoussis, …

Upon his arrival, he visits galleries in the neighborhood. Of course there is Georges Petit in rue Sèze , But also Durand-Ruel that exposes the Impressionists, Clovis Sagot who is the first  to appreciate the Blue Period of Picasso, Vollard who  exposes Cézanne , Renoir and Degas and Kahnweiler , rue Vignon defending the Fauves Matisse , Vlaminck, Van Dongen , Rouault , Derain , Dufy, Braque .

Settled in his studio, Modigliani takes brushes again and paints mainly small portraits. According to Christian Parisot , the painter Anselmo Bucci , passing in front of a small shop run by poet Laura Wylda , the Art Gallery, at the corner of Boulevard Saint Germain and Rue des Saints-Peres , notices new paintings in the front window : ‘ three battered and hallucinated women’s faces, almost monochrome , painted with in some green colors, thin material on small canvases . Asking who is the author, Anselmo Bucci was told they were painted by Modigliani, an Italian artist who lives in Montmartre. (Ch. Parisot, Modigliani Biography, p.97)

But where does Modigliani really come from?

Amedeo Modigliani, fourth and last child of Flaminio Modigliani and Eugenie Garsin, a family of Sephardic Jews , was born July 12, 1884 , in Livorno , Italy. This year, the company Modigliani (they operated a timber and coal mines in Sardinia) is bankrupt. Also in 1886, Eugénie Garsin (French origin turns the house into a real school and gives private lessons with her sister Laura. Emmanuel, the eldest child becomes a lawyer and Socialist deputy. Marguerita , the only girl of four children Eugenie and Flaminio , remains unmarried and will be the adoptive mother of Jeanne , the daughter of Amedeo and Jeanne Hebuterne . As Umberto, he will be a mining engineer.

In 1886, Eugenie Garsin starts to write a diary. The Book of reason is a chronicle of family life and it mentions for the first time Amedeo socalled  » Dedo  »  as a little bit spoiled , a bit temperamental but pretty as a heart .

At this time, Flaminio Modigliani is almost always traveling. The others live with the maternal grandmother, sister Eugenie, Laura and Gabrielle and grandfather Isaac Garsin , a great scholar who spend much time with the child, talking to him about art and philosophy. Isaac Garsin dies in 1894.

Uberto Mondolfi, son of Rodolpho -s a friend of Eugenie-  is the first great friend of Dedo until 1898 ..

According to the legend, inspired by the family, launched by André Salmon (Modigliani, Paris, 1926), Amedeo , who wouldn’t have held a pencil between his fingers and wouldn’t never have shown any interest in art , would have sunk in a violent pictorial delirium during a typhoid. His daughter Jeanne denies this legend and states in her book Modigliani sans legende ( Gründ 1961 , p.27) that in reality her father has already painted before his illness but during the famous typhoid Amedeo revealed his mother a passion for painting previously retained by pride and shame (sic) .

Her mother already mentions in her diary in 1895:  Dedo had a very severe pleurisy and I am still recovering from the terrible fear I had because of that.  The character of the child is not yet formed enough for me to write here my opinion. His manners are those of a spoiled child without lack of intelligence. We will see later what there is in this chrysalis. Maybe an artist? « .

In 1898, Modigliani enters the Ecole des Beaux- Arts in Livorno. There, he follows the courses of Guglielmo Micheli . In September 1900, he fell ill again, pleurisy which is complicated by tuberculosis. He spent the winter of 1902 in Rome, where he made ​​copies in museums. In Florence, he enrolls in a free school, follows the course of Giovanni Fattori and meets Manuel Ortiz de Zarate , an Italian- Chilean artist who speaks constantly about Paris . For many years, the Italian newspapers devoted whole pages about what happens in Paris. They write about exhibitions an art fairs, but also about creativity in France, artists and their adventures. Nightlife and places of debauchery were frequently mentioned by the Italian press as well. Modigliani has only one idea in head : to go this  fascinating city and to dive into the most prolific century art world.

From 1903 to 1905 he continues his studies at the Free School of Nude Institute of Fine Arts of Venice. At the end of the year, his mother gives him the money and he arrives in Paris in January 1906.

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