Archives de catégorie : Ventes

La jeune femme à la rose chez Christies

Les 12 & 13 mai prochain se vendront chez Christie’s New-York deux œuvres intéressantes d’Amedeo Modigliani.

La première, une huile sur toile date de 1916. Intitulé la Femme à la rose, ou Portrait de Marguerita, mesurant 64,9 x 46,3 cm. , ce portrait est un des trois que l’Artiste a effectué avec ce modèle.  Peinte deux fois assise sur une chaise, cette œuvre la représente  en buste avec une belle rose  au creux du décolleté.  Des trois tableaux représentant ce modèle, celui-ci est certainement le plus élégant.

jeune femme à la rose

Connait-on le modèle ?  Certains affirmaient que c’était la sœur du peintre mais c’est peu probable car il ne l’avait plus vue depuis son dernier passage en Italie, en 1913. Ce ne pouvait être un modèle professionnel car ceux-ci étaient trop chers pour sa bourse.  Donc, très probablement un modèle de rencontre comme il en a peint de nombreux et, peut-être par nostalgie du pays il italianisa son prénom.

Marguerite assise

Vente impressionnistes et modernes soirée du 12 mai au Rockefeller Plazza, lot # 7C, estimé entre $ 12 et 18 millions.

La deuxième œuvre est tout aussi belle dans une autre technique.

Voici un dessin au crayon mesurant 42.6 x 26.3 cm. non daté mais qui a du être créé vers 1910-1911.

A cette époque Modigliani rêve de sculpter la pierre. Il est séduit par les cariatides utilisées en guise de pilastres ou de colonnes pour supporter l’entablement des édifices.  Leurs représentations dans ses croquis vont de l’expression d’une grande liberté pour aboutir à une austérité géométrique et sculpturale en 1913. Contrairement à la plupart d’entre eux, celui-ci  joue avec les ombres et lumières donnant ainsi une vie plus sensuelle à l’œuvre.

Cette pièce d’une très bonne provenance (Dr. Alexandre, Iolas, Dickinson,…) est bien sûr reproduite dans les différents livres de références et a participé à quelques expositions importantes.

Cariatide

Vente IMPRESSIONIST & MODERN ART WORKS ON PAPER du 13 mai au Rockefeller Plazza, lot # 1008, estimé entre $ 400.000 et 600.000.

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Le scandale n’est pas d’hier…. A vous de juger

Le 10 novembre dernier, le Monde titrait Vente record pour un Modigliani aux enchères à New York

Adjugé au prix de 170,4 millions de dollars, un nu du maître italien est la deuxième œuvre la plus chère vendue publiquement après les femme d’Alger de Picasso adjugé pour 179,365 millions de dollars chez Christie’s à New York le 11 mai 2015.

La toile de 1917 (Ceroni 198), qui était estimée à 100 millions de dollars par la maison Christie’s, appartenait jusqu’ici à une famille italienne et n’avait jamais été proposée aux enchères.

Modigliani_-_Nu_couché

Mort très jeune, la production d’Amedeo Modigliani est réduite à un peu plus de 300 toiles et quelques sculptures. Sur ce petit nombre de tableaux, Ceroni ne référence que 22 nus couchés dont la plupart se trouve déjà dans les collections publiques (musées, fondations, …). Selon Kenneth Wayne, chercheur indépendant et initiateur du online Modigliani Project, les nus de l’Artiste  sont considérés comme ses œuvres les plus importantes.   Celui-ci, en particulier est peut-être le plus connu et le plus reproduit dans les ouvrages sur l’Artiste. Il a également participé à presque toutes les expositions  majeures sur Modigliani.

L’acheteur, un collectionneur privé chinois, ne s’est certainement pas trompé en jetant son dévolu sur cette pièce rarissime. En quelques minutes enfiévrées, dans une salle comble, elle a pulvérisé le précédent record pour un Modigliani, une sculpture adjugée en novembre dernier pour 70,7 millions de dollars. La vente a été saluée par des applaudissements nourris.

Ce nu fait  partie d’une série réalisée par le peintre, entre 1917 et 1920, alors qu’il était installé à Paris. Quatre d’entre eux, dont probablement celui-ci  furent exposés à l’époque à la galerie parisienne Berthe Weill et  avaient fait scandale, au point que la police avait ordonné leur retrait.

NE SOURIEZ PAS mais lisez la suite!

Pour couvrir le record de la vente, le très puritain quotidien britannique Financial time  a proposé de cacher les parties intimes de la femme du tableau en les couvrant: un bandeau noir a été placé sur les seins et le sexe, comme l’a remarqué le critique d’art australien, Ashleigh Wilson.

Finantial time

 

 

La chaîne d’information Bloomberg, réputée conservatrice a préféré flouter les parties intimes de la femme au tableau, en cachant les traits avec un filtre couleur chair, ainsi que le souligne Lisa Fung sur son compte Twitter.

Blommberg sencor

Et La critique d’art irlandaise Cristin Leach Hugues d’écrire : «Vous vous moquez de moi? Le reportage de CNBC sur la vente du Modigliani brouille les parties génitales et la poitrine!».

A vous de juger.

 

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Sotheby’s bat les records!

Quatre ans et demi après la prestigieuse vente de la sculpture en pierre de Modigliani qui établissait un record chez Christies, Sotheby’s a adjugé ce 4 novembre 2014 une autre sculpture de l’Artiste italien au prix de US $ 63 millions, soit avec les frais  €56 622 435, devenant ainsi la sculpture la plus chère de l’Artiste.

Tête, H. 73 cm., c.1911-12, pierre calcaire, Ceroni XXII

Tête, H. 73 cm., c.1911-12, pierre calcaire, Ceroni XXII

Les sculptures en pierre d’Amedeo Modigliani  sont excessivement rares. En effet, il ne considérait la sculpture que par la technique de la taille directe et celle-ci  épuisait trop l’Artiste qui avait une santé très fragile. Le grand expert Ambrogio Ceroni en dénombre 25 seulement et la plupart sont déjà dans les collections publiques.

Cette sculpture a été créée  vers  1911-1912 à partir d’un seul bloc de calcaire appelée pierre d’Euville, une roche poreuse extraite dans une petite ville dans l’est de la France. L’Artiste s’en procurait en fouillant, le soir tombé, les chantiers avec sa brouette. Il rapportait les pierres dans le jardin de la Cité Falguière où il avait un atelier, voisin de celui du sculpteur Constantin Brancusi qui l’initiait à la sculpture.

Si l’influence de Brancusi peut sûrement être devinée dans le lissage de ses sculptures, Modigliani en a subi une autre, celle des masques africains, particulièrement ceux de la tribu Gouro en Côte d’Ivoire.  Il avait vu de nombreux exemples de ces objets rituels africains au musée du Trocadéro, et leur impact est clairement reconnaissable dans le travail de l’artiste à cette époque. Observez  la forme et le plissé de la bouche…

Capture divers

Dans son essai pour le catalogue de l’exposition, Modigliani, Sculpteur, Kenneth Wayne a écrit à propos de l’influence de l’Antiquité sur des sculptures extraordinaires de Modigliani:. «Les sculptures de Modigliani partagent de nombreuses caractéristiques avec l’art égyptien qu’il aimait tant et qu’il voyait régulièrement au Louvre : un calme solennel, un air profond du mystère et de la spiritualité, des formes en bloc, les yeux blancs en forme d’amande, un sourire béat, une frontalité imposante et le regard en avant, et  des éléments décoratifs dans les cheveux et sur le front. Les yeux vides dans les sculptures de Modigliani rappellent également les  sculptures grecque et romaine comme elles nous sont parvenues à travers le temps, avec les éléments peints disparus. L’état brut et l’inachèvement de certaines des sculptures de Modigliani leur donne l’aspect des sculptures anciennes grecques, romaines et égyptiennes  abîmées par les siècles. Le matériau de prédilection de Modigliani, le calcaire, était le même que celui utilisé pour construire la Grande Pyramide, le Grand Sphinx de Gizeh et certaines sculptures égyptiennes et grecques. (K. Wayne, « Modigliani, Modern Sculpture and the Influence of Antiquity, » op. cit., p. 76).

La Tête a été exposée au Salon d’Automne de 1912 dans la célèbre Salle des Cubistes, une exposition marquante dans l’histoire de l’art moderne. La photographie de la salle des Cubistes publié dans L’Illustration du 12 Octobre, 1912 montre l’oeuvre à l’extrême gauche.

Salon d'automne 2012

Salon d’automne, 1912. Photo tirée de la revue ‘L’Illustration’ du 12 octobre 1912. Avec aussi 3 autres sculptures de Modigliani et des tableaux de Kupka, Henri Le Fauconnier et Jean Metzinger. (Source : Modigliani and the Artists of Montparnasse – text by Kenneth Wayne).

Légendes :

Figure 01 : Constantin Brancusi, Mlle. Pogany, marbre, 1912, Philadelphia Museum of Art
Figure 02 : masque Gouro, Côte d’Ivoire, bois, British Museum, Londres
Figure 03 : Atelier de Modigliani à la Cité Falguière

 

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