Archives mensuelles : janvier 2014

Le apaches de Modigliani

Version française en dessous

According with the Berthe Weill  Modigliani exhibition ‘catalogue’ were two artworks titled ‘Apache n° 1 and n°2’.

Catalogue de l'exposition Modigliani chez Berthe Weill

Catalogue de l’exposition Modigliani chez Berthe Weill

Unfortunately at that time what they named ‘catalogue’ were most of the time a simple list of titles without even any description.

As far as I know, the two pieces are not registrated in any catalogue raisonne about works on paper (Lanthemann, Patani and Parisot) and I couldn’t find any details yet  about them excepted this …

Apache, c. 1904 gouache on paper, 30 x 21,5 cm.

Apache, c. 1904 gouache on paper, 30 x 21,5 cm.

Not included in any catalogue raisonne, it only has the Restellini certificate (2009) saying he will include this work in the forthcoming catalogue raisonne.

If someone has more details about this or the other, please contact me by email (info@amis-de-modigliani.net)

 Selon le catalogue d’exposition des oeuvres de Modigliani à la galerie Berthe Weill (1917), y été montrée 2 œuvres appelées Apache n°1 et n°2. Hélas, à cette époque les catalogues étaient souvent réduits à leur plus simple expression et très souvent ne comportait qu’une liste de titre, sans aucun autre détail concernant les techniques utilisées ou les dimensions.

Je n’ai retrouvé aucune trace de ces œuvres dans les catalogues raisonnés sur les œuvres sur papier de l’artiste (Lathemann, Parisot et Patani) ni dans d’autres documentations si ce n’est la gouache reproduite plus haut qui est accompagnée d’un certificat de Marc Restellini daté de 2009.

Si quelqu’un a d’autres détails sur cette œuvre ou l’autre, je lui serai reconnaissant d’entrer en contact avec moi (info@amis-de-modigliani.net).

 

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Petite histoire des Apaches

C’est dans un de ses célèbres romans feuilletons qu’ Alexandre Dumas fils avait, le premier, créé un lien imaginaire entre les bandes de mauvais garçons des faubourgs de Paris et les tribus sauvages des plaines d’Amérique du Nord.

Dans la réalité, il existe dans le Paris de la Belle Epoque une multitude de bandes criminelles organisées et cloisonnées qui alimentent le mythe de l’omniprésence des prétendus Apaches. Ils adoptent des noms de guerre pittoresque censés susciter l’effroi et le respect du bourgeois : la Bande des Grains de Beauté de St-Ouen, les Tatoués d’Ivry… Rien de bien original pour l’époque, mais ce gang se démarque des autres bandits par leur accoutrement et leurs mœurs libérés, qui choquent les mentalités.

Un Apache type, à gauche

Un Apache type, à gauche

Le style vestimentaire ainsi que la codification très précise des signes distinctifs de l’apache vont permettre de fixer la représentation des mauvais garçons dans la mythologie du Paris canaille pour les décennies à venir.

Ces messieurs portent généralement la casquette à trois ponts avec un foulard, la veste entr’ouverte laissant voir une chemise frippée, et un ‘bénouze’  (pantalon patte d’eph’) et enfin, détail plus qu’important à leurs yeux: les chaussures, ultra-brillantes, signe distinctif pour épater la galerie.

Et puis, chose frappante pour l’époque, ces jeunes gens ne sont pas que des hommes, et la gente féminine prend part aux méfaits attribués au gang. Ces femmes choquent la population, par leurs attitudes libérées et affichées.  Elles arpentent le trottoir arborent des jupes longues recouvertes de tabliers de couleurs, des blouses criardes et un ruban de velours autour du cou et surtout pas de chapeau, puisque leur statut de « femme en cheveu » renseigne le client sur leur condition de prostituée.

Manda - Leca et Casque d'Or

Manda – Leca et Casque d’Or

Ce rôle actif des femmes dans l’organisation criminelle de la bande fait d’ailleurs la Une des journaux, à l’instar de Casque d’Or, Amélie Elie de son vrai nom. En 1902, Casque d’Or est une prostituée, dont le surnom fait écho à la lutte que se livrent 2 chefs de bande, Leca et Manda, afin d’obtenir ses faveurs. Casque d’Or fut par la suite immortalisée par Simone Signoret dans le film éponyme de Jacques Becker, sorti en 1952.

L’apache disparaît aux abords de la guerre 14-18 suscitant un grand élan de nostalgie jusqu’à la fin des années 30. Il est remplacé à partir des années 20 par le gangster, taillé sur le modèle américain ; plus efficace et moins folklorique.

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Des doutes! Encore des doutes!

Modigliani se sent mal parmi ses contemporains.  Il a du mal à s’insérer parmi les cubistes, les fauves et les expressionnistes. Il ne fréquente donc peu  les ateliers des autres artistes de Montmartre. Habitant tous sur le même flanc de la colline, ils ont cependant de nombreuses occasions de se croiser mais c’est plutôt au Lapin Agile que les rencontres animées se déroulaient. Ce serait dans ce cabaret qu’il rencontra la première fois  Pablo Picasso qui était comme lui un habitué du lieu. Modigliani connaissait déjà un peu son œuvre, l’ayant vue à plusieurs reprises à la galerie Sagot.

Le Lapin Agile en 1911

Le Lapin Agile en 1911

S’appréciaient-ils ? Peut-être, mais probablement de loin. Selon Carco, dans Mes amis peintres, Picasso n’aimait pas Modigliani. Par contre Fernande Olivier, dans ses Souvenirs intimes, écrit A Montmartre où vivait Modi, avant sa « vie maudite » à Montparnasse, nous le voyions assez souvent et l’aimions au contraire beaucoup’.[1]

Louis Latourette, poète et amateur d’art, s’extasiant devant un Nu dans l’atelier de Modigliani, s’entend dire par l’artiste : Ce n’est pas ça ! C’est encore du Picasso mais raté… Picasso enverrait un coup de pied dans cette monstruosité. Quelques jours après il revoit Dedo qui lui annonce avoir à peu près tout détruit de ce que le poète avait vu. Il faut savoir se juger sans indulgence sentimentale… Je n’ai gardé que 2 ou 3 dessins… Et aussi le torse qui t’a plu […] Du reste, j’ai bien envie d’envoyer promener la peinture de de me mettre à la sculpture.[2]  Cette idée le hantera longtemps.

Au 7 de la rue Delta, Modigliani se sent en sécurité. L’atmosphère y est plus que chaleureuse. Le Dr. Alexandre est un fervent partisan du haschich pris avec modération, l’alcool coule à flot et y étaient invitées de nombreuse soubrettes, serveuses, modèles et autres maîtresses du moment. Les soirées y étaient très certainement bien plus bruyantes que ne le retiennent les souvenirs du Docteur. Les habitants de ce genre de phalanstère échangeaient idées, expériences et organisaient même des soirées théâtrales.

Le Docteur, devenu son ami Paul, insiste pour qu’il participe au Salon des Indépendants en 1908. Il y présentera 5 tableaux  dont la Juive, 2 nus, une étude de nu et un dessin. [3]

3 des tableaux présentés au Salon des Indépendants, 1908

3 des tableaux présentés au Salon des Indépendants, 1908

Concernant la figure 1, on lui a très souvent donné le titre erroné de Nu au chapeau, mais en fait sur notre photo nous remarquons bien la chevelure noire qui a tendance à se confondre avec l’arrière- plan sombre de cette partie du tableau. L’œuvre centrale se rapproche très fort des tendances expressionnistes  allemandes  de l’époque. La Petite Jeanne  (figure 3) avait déjà été un modèle pour Picasso en 1905 ( jeune fille à la corbeille de fleurs, Zervos I, #256). Modigliani la rencontra chez le Dr. Alexandre où elle allait pour  faire soigner  une maladie vénérienne.

En 1909, il commanda à l’Artiste non seulement son portrait mais aussi ceux de son frère Jean et de son père.[4]

3 des portraits commandés par Paul Alexandre

3 des portraits commandés par Paul Alexandre



 

[1] F. Olivier, Souvenirs intimes écrits pour Picasso, Paris 1988, p. 227

[2] A. Pfannstiel Etude critique et catalogue raisonné, La Bibliothèque des Arts, 1956, p. 11-12

[3] Figure 1 : C. 007 –  Buste de femme nue, 80.6 x 50.1 cm.

Figure 2 : C. 008 –  Etude de nu, 81 x 54 cm.

Figure 3 : C. 010 – Buste de jeune fille (La petite Jeanne) 61 x 38 cm

[4] Figure 4 : C.012 – Portrait de Jean-Baptiste Alexandre, huile sur toile, 92 x 73 cm., 1909

Figure 5 : C.015 –  Portrait de Paul Alexandre sur fond vert, huile sur toile, 100 x 81 cm., 1909

Figure 6 : C.016 –  Portrait de Jean Alexandre, huile sur toile 81 x 60 cm. 1909

 

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