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Les premiers temps à Montmartre

Selon André Warnod[1] Modigliani ne voit pas grand monde dans les premiers temps de sa  vie à Montmartre. Et personne ne le remarque non plus particulièrement. Il fait quelques apparitions furtives parmi les peintres et poètes du Bateau-Lavoir. Au début, il ne boit que raisonnablement mais par contre il collectionne ses conquêtes féminines. Selon les témoignages et les récits biographiques de Jean-Paul Crespelle, André Salmon ou plus récemment, Christian Parisot dans sa Biographie  (édition Canale Arte, 2000) est énuméré un grand nombre de femmes ayant succombé au charme du bel italien : Mado, ayant été un modèle de Picasso ;  Gilberte, un petit modèle sans domicile fixe à Montmartre,  dont Modigliani a fait un portrait aujourd’hui détruit ; Lola, une demi-mondaine de Pigalle et encore Elvira dite ‘la Quique’ (de l’espagnol Chica) aux yeux noirs et aux lèvres sensuelles, une jeune cocaïnomane, née à Marseille, fille d’une prostituée et d’un marin espagnol, montée à Paris à l’âge de 15 ans pour faire carrière à Pigalle. Elle aurait été la première à initier Amedeo à la drogue. Différents témoignages ont rapportés qu’ils restaient enfermés des jours entiers pour faire l’amour dans l’atelier du peintre, alors place Jean-Baptiste Clément. Une amie de la Quique, une certaine Gabrielle, raconta par la suite qu’un soir d’été, on les aurait vus, à demi nus se poursuivre au clair de lune dans le petit jardin qui cernait l’atelier.[2]

Portrait d'Elvire, huile sur toile, 1918 (C.272)

Portrait d’Elvire, huile sur toile, 1918 (C.272)

Vite désargenté, il quitte son hôtel de la Madeleine et erre dans le Maquis à la recherche de quoi se loger.  Selon l’avis de plusieurs critiques, cette errance serait plutôt la cause que la conséquence de l’abus d’alcool. S’il trouve d’abord refuge au Bateau Lavoir, il finit par louer une remise au n° 7 de la place J.-B. Clément, là où débouche la rue Lepic. Il est devenu un client assidu des bistrots et cabarets Montmartrois.

Modigliani, comme beaucoup d’artistes qu’il fréquente sur la Butte, sait que la nouvelle peinture n’a plus rien à voir avec le tableau de chevalet, sa surface étant trop limitée. Il est nécessaire de faire sortir mentalement la peinture de cette dimension préconçue en essayant d’englober la dimension de l’espace ambiant pour se l’approprier. Les canons de la beauté et la représentation académique de la femme n’ont plus d’importance. Il est nécessaire de peindre la personnalité intime du modèle.

Si Modigliani travaille beaucoup à ce moment-là, il détruit également un grand nombre d’œuvres  dont il n’est pas satisfait. Il ne vend rien ou très peu cependant, dans les catalogues raisonnés, y apparaissent très peu d’huiles. Pour la période 1906-1907, Ceroni ne mentionne que 5 huiles (C.001 à C.005), Patani 5 également  et Christian Parisot 3 seulement.

Voici, sans certitude, les 3 œuvres probablement exposées chez Laura Wylda, l’Art Gallery.

Peut-être les 3 premiers tableaux exposés à Paris

De gauche à droite :

C.001 : Buste de femme ou La duse, c.1906-07, huile sur toile marouflé sur panneau, signée en haut à gauche, 32 x 26 cm. Passé en vente chez Christies- Londres, le 23 juin 2004, il est annoncé avec les dimensions de 32,7 x 24,8 cm.

C.002 : Tête de femme, c.1906-07, huile sur toile, signé en bas à droite, 33 x 24 cm.

C.004 : Buste de femme, 1907, huile sur toile, signé en bas à droite, 45.5 x 24 cm.  Passé en vente chez Christies- Londres, le 24 juin 2010, il est annoncé avec les dimensions de 46.1 x 33.2 cm.



[1] André Warnod (1885-1960) est écrivain, goguettier, critique d’art et dessinateur français

[2] ‘Modigliani – Biographie’, Christian Paristot, p.110

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Vente chez Sotheby’s, Paris, le 5 décembre 2013

Voici une vente qui s’annonce intéressante, le Portrait de Roger Dutilleul, 1919  ( C.274). Estimé entre 7M et 10M d’euros je suis curieux de voir à quel prix il sera adjugé car d’une part, l’engouement pour l’oeuvre de Modigliani est très important mais nous remarquons que ce sont principalement les portraits de femmes qui ont la meilleure cote. D’autre part, ce tableau est resté invendu chez Christie’s (NY) le 4 mai 2004 avec une estimation entre 5 et 7 millions d’euros.

Le plus important collectionneur de Modigliani à l'époque

Le plus important collectionneur de Modigliani à l’époque

 

Pfannstiel (Pl 357)le date en 1920 tandis que Ceroni ( C.274) et Parisot (Pt 43/1918 vol.2) en 1918 et  Lanthemann (L 357) ainsi que Restellini en 1919.

Le sujet est important ! Roger Dutilleul était un grand collectionneur de l’Artiste et de bien d’autres d’ailleurs.

Le dossier de Sotheby’s a été réalisé par Marianne Le Morvan. Il est tellement bien écrit que je vous en livre de larges extraits.

‘… Roger Dutilleul fut un collectionneur passionné de Modigliani. Ses achats commencèrent début 1918 par une toile Tête de Jeune fille achetée chez l’encadreur marchand Constantin Lepoutre. Il réussira principalement entre 1918 et 1925 à réuni34 tableaux et 21 dessins de Modigliani, soit environ 10% de la production entière de l’artiste. A la fin du printemps 1919, Zborowsky n’ayant plus d’œuvres de Modigliani à vendre à Dutilleul, lui conseilla d’accepter de poser pour le peintre…

… Pour l’exécution de son portrait, qualifié de ‘chef d’œuvre’ par Léonce Rosenberg dans une lettre à Roger Dutilleul datée de décembre 1943, l’amateur dut poser durant 7 heures et demi réparties sur 3 séances du 16 au 18 juin 1919 dans son appartement de Monceau…  D’abord désemparé par la qualité des toiles de Picasso et de Braque qu’il découvrit lors de sa première visite chez le collectionneur Modigliani s’exclama désemparé  ‘Quel génie’ à propos de Picasso : ‘J’ai dix ans de retard sur lui’. Dutilleul eut grand mal à le réconforter. Le peintre demanda alors qu’une nature morte de Picasso  (Poissons et bouteilles, 1909) soit présentée à sa vue pendant l’exécution du  portrait. La gamme chromatique du Portrait de Roger Dutilleul reprend exactement celle de la toile cubiste du Maître catalan…

…Ce portrait est donc  peint sous les influences conjuguées de Picasso et sans aucun doute, de Cézanne, que Modigliani avait découvert dès son arrivée à Paris en 1906… La posture du collectionneur assis de face les jambes croisées, rappelle celle de plusieurs portraits de personnages assis  peints par le maître d’Aix… L’inachèvement de certaines parties du tableau (dos du siège, mains du modèle) est également un emprunt à Cézanne…. C’est surtout le soin apporté à l’exécution du visage du modèle, à l’inverse du fond peint en touches longues et rapides qui évoque les portraits de Cézanne. La carnation pâle et délicate amplifie le contraste avec le noir de la redingote, dégageant les éléments les plus représentatifs du personnage – comme le visage et les mains – des aplats de l’arrière-plan. Quant au regard des portraits de Modigliani, c’est lui-même qui affirme avoir emprunté les yeux sans pupille aux portraits de Cézanne. Il confia un jour à son ami Soutine :’Les visages de Cézanne, à l’instar des belles sculptures antiques, sont dépourvus de regards. Les miens, par contre, en ont un. Les miens regardent toujours, même lorsque j’ai cru  devoir ne pas leur attribuer de pupille : pourtant, tout comme les visages de Cézanne, ils ne font qu’exprimer une muette approbation de ce qui vit’ (cité par Walter Schmalenbach, ‘Les Portraits’, in Modigliani, l’ange au visage grave, catalogue de l’exposition p. 35)

La figuration des yeux et du nez de Dutilleul rappelle également l’influence du primitivisme des arts africains. Tout comme Derain, Picasso et Vlaminck Modigliani découvrit les arts premiers au Musée d’Art ethnique du Trocadéro…

…Le style de ce tableau peut enfin être qualifié de ‘maniériste’, évoquant l’influence de l’art de la Renaissance italienne. Dès son enfance, Modigliani voyagea à travers l’Italie avec sa mère. . En 1902, il devint étudiant à Florence et l’année suivant Venise. Il visita également Sienne et Naples où il s’imprégna de la tradition classique. L’art de la peinture du XVIème siècle italien devint son influence principale. Ce tableau possède la simplicité et la pureté des œuvres du Quattrocento, marquées par des arabesques aux courbes fluides, des proportions amplifiées et l’extrême attention portée aux détails du visage. .. ‘

English version

‘Roger Dutilleul was a passionate collector of Modigliani . His acquisitions began in early 1918 with the canvas Tête de jeune fille , purchased from the framer and dealer Constantin Lepoutre. He succeeded, chiefly between 1918 and 1925, in assembling 34 paintings and 21 drawings by Modigliani, equivalent to around 10% of the artist’s entire output. By the end of spring 1919, the dealer Zborowsky had no more works by Modigliani to offer Dutilleul so he advised him to agree to pose for a portrait…

For the execution of his portrait, hailed a ‘masterpiece’ by Leonce Rosenberg in a letter to Roger Dutilleul in December 1943, the connoisseur had to pose for seven and a half hours spread over three sittings, from 16th to 18th June 1919, in his apartment on Rue Monceau, surrounded by his collection… At first unnerved by the sheer quality of the canvases by Picasso and Braque he discovered on his first visit to the collector. Modigliani exclaimed “Such genius!” regarding Picasso and lamented “I am ten years behind him”. Dutilleul took great pains to reassure him. The painter then requested that a still-life by Picasso (Poissons et bouteilles, 1909) be placed within v while he worked on the portrait. The color scheme of Portrait de Roger Dutilleul exactly replicates the Cubist work by the Catalan master….

… This portrait of Dutilleul was thus painted under the twin influences of Picasso and, without a doubt, Cézanne whom Modigliani had discovered upon his arrival in Paris in 1906… The posture of the collector, sitting face-on with legs crossed, recalls several portraits by the Master from Aix… The unfinished nature of certain parts of the painting (the back of the chair and the model’s hands) is also a debt to Cézanne… Above all it is the care taken in the execution of the figure’s face, in contrast with the background painted in long, rapid strokes, that evokes Cézanne. The delicate, pale complexion heightens the contrast with the black of the frockcoat, making the most characteristic aspects of the figure – such as the face and hands – stand out against the flat background. As for the gaze of Modigliani’s portraits, he himself admitted he borrowed eyes with no pupils from Cézanne’s portraits. He confided once to his friend Soutine : “Cézanne’s faces, like beautiful ancient statues, do not have a gaze. Mine, on the other hand, do. Mine are always looking even if I felt I should not give them pupil; however, like Cézanne’s faces, they only express a silent approval of all that they experience’ (quoted by Walter Schmalenbach, ‘Portraits’ in Modigliani L’ange au visage grave, exhibition catalogue p. 35).

The arrangement of Dutilleul’s eyes and nose also recall the influence of African art. Just like André Derain, Pablo Picasso and Maurice de Vlaminck, Modigliani had discovered tribal art at the Museum of Ethnic Art at Trocadero…

… The style of this painting can also be described as ‘mannerist’, evoking the influence of Italian Renaissance Art. . From his childhood, Modigliani had travelled across Italy with his mother. In 1902, he studied in Florence and the following year in Venice. He also visited Sienna and Naples where he immersed himself in the Classical tradition. 16th Century Italian painting became his prime influence? This painting possesses the simplicity and purity of works from the Quattrocento, marked by arabesques with fluid contours, elongated proportions and an extreme attention to facial details…”

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Bibliographie – Bibliography

En dressant la liste des ouvrages que je consulte pour ce blog, je remarque le  nombre imposant de livres écrit par Christian Parisot. Ce n’est pas étonnant ! Etant à la tête des Archives Légales de Modigliani et ayant été soutenu par la fille de l’Artiste, il a entre ses mains une documentation importante et c’est ainsi qu’il a publié de nombreux ouvrages. Ceci ne vaut pas dire que l’on doit croire tout ce qu’il a écrit.

When I listed the books I do consult for this blog, I noticed the impressive number of books written by Christian Parisot. This is not surprising! As the head of the Legal Modigliani Archives and supported by Jeanne, the daughter of the Artist, he has his hands an important documentation and thus he has published extensively. This doesn’t mean all what he wrote is trustful.

Catalogues raisonnés

Pfannsteil Arthur, Etude critique et catalogue raisonné, Ed. Bibliothèque des Arts, 1956

Ceroni Ambrogio, Amedeo Modigliani , suivi des souvenirs de Lunia Czechowska, Ed. del Milione, Milan 1958

Ceroni Ambrogio, Modigliani – dessins, sculptures, Milione Edizioni, Milan, 1965

Lanthemann J.,  Modigliani catalogue Raisonné, Ed. Graficas Condal, Barcelone, 1970

Ceroni Ambrogio & Françoise Cachin, Tout l’œuvre peint de Modigliani, Flammarion 1972

Parisot Christian, Catalogue raisonné, vol. I, Ed. Graphis Arte, 1990

Parisot Christian, Catalogue raisonné, vol. II, Ed. Graphis Arte, 1991

Patani Osvaldo, Amedeo Modigliani, Catalogo Generale  dipinti, Ed. Leonardo, Milan, 2001

Patani Osvaldo, Amedeo Modigliani, Catalogo Generale disegni 1906-1920, Ed.Leonardo, Milan, 1994

Parisot Christian, Catalogue raisonné, vol. III, Ed. Carte Secrete, 2006

Parisot Christian, Catalogue raisonné, vol. V, Ed. Forma, 2012

Catalogues d’expositions

Modigliani, Palais des Beaux-Arts, Bruxelles, 1933

Modigliani, paintings, Drawings, sculpture, Museum of Modern Art, NY, 1951En collaboration avec le Museum of Art, Cleveland

La Femme dans l’Art, Kursaal d’Ostende, 1952

Modigliani, exhibition of drawings – J.W. Alsdorf collection, The Art Institute of Chicago, 1955

Cent tableaux de Modigliani, Galerie Charpentier, Paris (Fr) 1958

Modigliani, Musée Cantini, Marseille, 1958

Amedeo Modigliani, Steinernes Haus Römerberg, Frankfurt am Main, 1963

Modigliani, The Art Council of Great Britain – Tate Gallery, 1963

Amedeo Modigliani, Centraal Museum, Utrecht (NL), 1968

Modigliani, Musée Saint Georges, Liège (B), 1980Les peintres de Zborowsky : Modigliani – Utrillo

Modigliani, Musée d’Art Moderne de Paris, 1981

Modigliani, Fondation Gianadda, Suisse,  1990

Soutine : Fondation de l’Hermitage, Suisse 1994

Amedeo Modigliani : Museo d’Arte Moderna, Lugano, 1999

Modigliani, l’ange au visage grave, Musée du Luxembourg, Paris,2002

Modigliani & the artists of Montparnasse, Albright-Knox Art Gallery, Buffalo, NY, 2003 – Kenneth Wayne

Modigliani – Beyond the Myth, The Jewish Museum, New York, 2004-2005

Modigliani and his models, Royal Academy of Art, 2006 – Kenneth Wayne

Modigliani, ein Mythos der Moderne, Kunst und Ausstellung halle, Bonn, 2009

Amadeo Modigliani , L’annonciade – Musée de Saint-Tropez, 2010

Amedeo Modigliani, l’œil intérieur, Musée d’art moderne de Lille Métropole (Villeneuve d’Asq), 2016

Livres généraux

Scheiweiller G., Modigliani, Ed. des Chroniques du Jour, coll. Messages d’esthétique, 1928

Cocteau Jean, Modigliani,  Ed. Fernand Hazan, 1950

Lipchitz Jacques, Amedeo Modigliani, Ed. Flammarion, 1954

Salmon André, la vie passionnée de Modigliani, Ed. Sleghers, 1957

Roy Claude, Modigliani, Ed. Skira, collection Le goût de notre temps, 1958

Russoli Franco, Modigliani, Ed.Fernand Hazan, 1958

Modigliani Jeanne, Modigliani sans légende, Ed. Gründ, Paris, 1961

Werner Alfred, Modigliani the sculptor, Ed. Arts Inc, NY, 1962

Gindertael, Roger van, Modigliani et Montparnasse, Ed Fabbri, 1967

Russoli Franco, Modigliani Drawings, Ed. Thames and Hudson, 1969

Patani Osvaldo, Modigliani Disegni, Ed. della Seggiola, 1976

Diehl Gaston, Modigliani, Ed. Flamarion, collection Les grands peintres modernes, 1977

Carol Mann, Modigliani, Oxford University Press, 1980

Roy Claude, Modigliani, Ed. Skira et Rizzoli, 1985

Castiau-Barrielle, Modigliani, Ed. Arc, 1987

Werner Alfred, Modigliani, Ed. Cercle d’art, 1988

Ceroni Angela, Modigliani – les nus, La Bibliothèque des Arts, Paris, 1989

Schmalenbach Werner, Modigliani paintings sculptures drawings, Ed. Prestel, 1990

Servi de catalogue à l’exposition ‘Amedeo Modigliani Malerei – Skulpruen – Zeichnungen

Présentée au Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, Düsseldorf du 19 janvier au 1 avril 1991 puis au Kunsthous, Zurich, du 19.04 au 7.07.1991

Alexandre Noël, Modigliani inconnu, dessins de la collection Paul Alexandre, Ed. Fonds Mercator, 1993

Parisot Chritian, Modigliani, Ed. Terrail, 1991

Parisot Christian, Modigliani – Témoignages, Ed. des Archives, 1996

Parisot Christian, Amedeo Modigliani, Arc Editions poche couleur, 1996

Paristot Christian, Modigliani – biographie, Ed. Canale Arte, 2000

Belloni Fabio, Modigliani et l’Ecole de Paris, Ed. E-ducation, collection Les grands Maîtres de l’Art, Florence 2008

Bougault Valérie : Artistes de Montparnasse, Arc Edition – Vilo, 2004.

Buisson Sylvie & Parisot Christian: Artistes de Montmartre, éd. Maxi-livres, 2004.

Le Morvan Marianne : Berthe Weill 1865 – 1951 : la petite galeriste des grands artistes, Ed. L’Ecarlate, 2011

 

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